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Le chemin de la reconstruction est encore long pour les Bleues. Toujours en panne sèche de trophée et en perte d’attractivité, l’équipe de France féminine a besoin de faire ses preuves. Seulement 13 500 spectateurs ont assisté à leurs deux derniers matchs : 5 500, samedi 30 novembre à Angers contre le Nigeria et à peine 8 000, mardi 3 décembre à Nice, face à l’Espagne.
La réception de la Roja, championne du monde en titre, constituait pourtant une occasion idéale de séduire à nouveau. Une occasion manquée pour les joueuses du sélectionneur Laurent Bonadei, qui se sont logiquement inclinées 4-2. L’ancien adjoint d’Hervé Renard subit sa deuxième défaite – après une première contre la Suisse – en quatre rencontres sur le banc tricolore.
« On a pris quatre buts, c’est quand même beaucoup, a-t-il réagi. Il va falloir améliorer l’aspect défensif. On avait décidé de prendre des risques en pressant haut. Cela a laissé des espaces. »
Meilleure techniquement et plus mature tactiquement, l’Espagne a transpercé à plusieurs reprises la défense tricolore. Aperçu en février, lors de la finale de la Ligue des nations à Séville (défaite 2-0), l’écart entre les deux équipes n’a miraculeusement pas été comblé en quelques mois. « C’était trop facile pour elles en première période, a confirmé Wendie Renard. Il y a des réajustements à faire. Ce sont des matchs où l’on doit apprendre. Il faut continuer à travailler. »
Fidèle à sa volonté de faire tourner un maximum son effectif, Laurent Bonadei a tout changé entre la victoire encourageante face au Nigeria (2-1) et la première véritable affiche de son mandat de sélectionneur. Seules deux titulaires étaient reconduites : la capitaine, Wendie Renard, et la milieu de terrain Grace Geyoro.
D’entrée, l’Espagnole Mariona Caldentey s’est échappée dans le dos de Thiniba Samoura adressant un centre repris à bout portant par Aitana Bonmati (6e, 1-0). La double Ballon d’or barcelonaise avait déjà ouvert le score lors du précédent match entre les deux équipes.
Puis, une déviation de la tête espagnole a permis à Caldentey de progresser presque sans opposition dans l’arrière-garde des Bleues et de passer le ballon à Claudia Pina, qui d’une frappe à droite de Constance Picaud (23e, 2-0) a battu la gardienne française.
Contre une Roja diminuée par des absences majeures (Irene Paredes, Salma Paralluelo, Jennifer Hermoso ou Alexia Putellas), les joueuses de Bonadei ont eu le mérite de réagir après une première demi-heure difficile. « On se fait surprendre dès le début de match, a-t-il analysé à la mi-temps. On a réagi et on est revenu au score. Les filles n’ont rien lâché, elles n’ont pas sombré et elles sont restées dans leur match. C’est déjà un signe positif. »
Ragaillardie, l’équipe de France a imposé enfin un rapport de force à son adversaire. En difficulté devant le pressing tricolore, la Roja a montré qu’elle est aussi faillible. Sur un centre de la Lyonnaise Vicki Becho, la défenseuse centrale Maria Mendez a raté son dégagement et trompé du genou sa propre gardienne (37e, 2-1).
Dans la foulée, Adriana Nanclares était tout heureuse de voir la reprise de Sakina Karchaoui passer juste à côté de son but. Servie en retrait par Sandy Baltimore, la Parisienne passait proche de l’égalisation (40e).
Mais la seconde période n’a pas confirmé ce nouvel élan. A l’inverse, les Espagnoles ont repris la maîtrise du jeu se créant les meilleures occasions. Constance Picaud a évité, un temps, le troisième but en détournant un tir puissant de Teresa Abelleira (52e). Elle n’a rien pu faire sur une belle action collective conclue par un centre de la latérale Ona Battle, repris victorieusement par l’attaquante Lucia Garcia (60e, 3-1).
A l’image de leur réaction passagère lors de la première période, les coéquipières de Wendie Renard sont parvenues à faire illusion. Sur un tir contré de Melvine Malard, entrée en jeu, Kadidiatou Diani a surgi pour réduire le score de la tête (71e, 3-2).
On pensait alors les Bleues capables de revenir dans la partie. Mais une main de Kenza Dali a mis fin aux espoirs français. Mariona Caldentey s’est chargée de transformer le penalty (81e, 4-2). Laurent Bonadei a alors procédé à plusieurs changements en faisant notamment entrer Delphine Cascarino, Selma Bacha ou Marie-Antoinette Katoto. Cela n’a rien changé au résultat. « Comme lors du premier rassemblement [en octobre], c’est toujours mitigé de finir sur une défaite. Il va falloir s’améliorer d’un point de vue tactique », a analysé le sélectionneur.
Moins dominantes qu’en 2023, les Espagnoles ont démontré qu’elles demeurent l’une des meilleures nations au monde malgré une décevante quatrième place cet été lors du tournoi olympique. « L’Espagne est une équipe avec beaucoup de réservoirs, qui a de très bons résultats… Ce serait leur manquer de respect de dire qu’elles sont affaiblies », prédisait Laurent Bonadei avant la rencontre. Les footballeuses espagnoles enchaînent un deuxième succès consécutif. Vendredi 29 novembre, après quatre matchs sans victoire, elles avaient surclassé la Corée du Sud (5-0).
L’équipe de France sera de retour en début de 2025, à l’occasion de deux rencontres de Ligue des nations (le 21 février contre la Norvège et le 25 février face à l’Islande). D’ici là, le sélectionneur des Bleues a prévu « de faire un bilan de ces quatre rencontres » et de « réfléchir au système à adopter ». Le temps presse, son équipe dispute l’Euro 2025 à partir du 2 juillet.
Anthony Hernandez (Nice)
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